Un an après la vidange du barrage, où en sommes-nous ?

Un an après la vidange du barrage des Collanges, BEED dresse le bilan d’une année d’action intense. Entre participation aux concertations officielles, encadrement d’un travail scientifique indépendant, suivi des milieux aquatiques et plaidoyer pour un Plan de Gestion Sédimentaire, l’association n’a cessé d’agir pour défendre la rivière et restaurer son équilibre. Une mobilisation continue pour que l’Eyrieux retrouve sa biodiversité, sa résilience et sa vitalité naturelle.

BARRAGEVIE DE LA RIVIÈRE

10/21/2025

Une fois passée la mobilisation active du Collectif “Faire Barrage pour le Vivant”, nous nous sommes organisés pour un combat de longue durée. Nous nous étions fixés quatre objectifs.

PARTICIPER A LA CONCERTATION initiée par les pouvoirs publics sur l’avenir du barrage des Collanges.

BEED a obtenu de suivre les travaux imposés par la Préfecture au Syndicat de Développement d’Équipement et d'Aménagement - SDEA - propriétaire du barrage, afin d’évaluer les conséquences de la vidange désastreuse du 2 octobre 2024.

Très vite, l'expérimentation de vidange s’est révélée être un échec, un échec parce que arrêtée rapidement grâce à notre mobilisation, un échec pour les dégâts causés. Toutefois, une satisfaction en termes de résultat car l'hypothèse de percer d'autres vannes de vidange est définitivement abandonnée. Plus tard, une délégation de BEED a été reçue par la Préfète Sophie Elizéon et nous avons pu faire entendre notre point de vue et surtout donner aux autorités des éléments de connaissance qui leur manquaient (notamment sur l'histoire du barrage).

FAIRE PRENDRE EN COMPTE la présence de métaux lourds, FAIRE un bilan de l'impact sur le vivant

La prise en compte de la réalité de la pollution des sédiments au fond du lac reste niée par plusieurs acteurs, en dépit des résultats concordants des analyses menées au lendemain de la vidange ! Pour dresser un bilan de l'impact sur le vivant, nos environnementalistes ont aussi inlassablement parcouru la rivière pour dresser les observations du vivant au fil des mois suivant la vidange.

BEED a ainsi mené sa propre étude d’impact post vidange sur les populations libellules (Odonates) ce qui nous a permis de constater que les travaux des bureaux d’études mandatés par le SDEA sont insuffisants. C’est le cas de l'analyse des populations de libellules faite par le bureau environnementaliste mandaté.

(Voir notre article : "Étude 2025 sur les odonates de l’Eyrieux : Bilan écologique après la vidange du barrage des Collanges").

En plus du suivi des travaux des bureaux d'études du SDEA, BEED a cofinancé, en coopération avec la Fédération Départementale de la Pêche (07), un travail scientifique indépendant, nécessaire pour compléter ou contredire les travaux officiels.

Ainsi, BEED a accueilli Kevin Grosjean pour un travail de 6 mois co-encadré avec la Fédération de Pêche, dans le cadre d'un master 2 " systèmes aquatiques et bassins versants" de l'Université de Besançon. Kévin Grosjean a produit une étude hydrobiologique : “Le suivi de l'impact de la retenue du barrage des Collanges sur les peuplements de macro-invertébrés". Une dégradation notable a été mise en évidence entre l'amont et l'aval du barrage. Kévin Grosjean présentera une synthèse de ses résultats le samedi 8 novembre 2025, lors d’une rencontre organisée par BEED et la Fédération de Pêche de l’Ardèche. Cette restitution fera également l’objet d’un article détaillé publié sur notre site.

ÊTRE PARTIE PRENANTE des décisions à court et moyen terme.

Rien n'est encore défini. Après la fin de l'étude de l'impact de la vidange, probablement fin 2025, le SDEA, devra faire des propositions techniques pour rendre à l'Eyrieux les sédiments déficitaires en aval du barrage.

Le nouveau scénario étudié par le SDEA s’oriente vers le "curage-réinjection” de 40 000 tonnes annuelles, chiffre qui correspond à la moyenne des sédiments entrant dans le barrage chaque année. La réflexion actuelle n’est pas explicite sur les solutions techniques, différentes selon la qualité des sédiments (grossiers, sédiments fins, pollués ou pas) et ne prend pas en compte :

  • les apports d’une “super crue” comme celle de l’an dernier (estimation de 88 000 m³ de nouveaux apports)

  • l'intégralité des sédiments accumulés depuis 40 ans.

Pour le moment, toutes les solutions envisagées sont fort coûteuses et nous laissent perplexes quant au rétablissement du transit sédimentaire et de la continuité écologique de la rivière.

Une analyse globale du transit sédimentaire sur tout le bassin versant, partagée par toutes les parties prenantes dans le cadre d'un Plan de Gestion des Sédiments (PGS) paraît être la meilleure voie à suivre et la garantie pour atteindre à terme un bon état écologique de l'Eyrieux.

Ainsi, BEED s’est associé avec d'autres organisations partenaires (la FRAPNA*, la FNE-Aura**, la Fédération Départementale de la Pêche) afin de promouvoir le lancement d’un PGS qui devrait être animé par le syndicat de rivière, le Syndicat Mixte Eyrieux Crussol (SMEC), porteur de la vision globale et de l'intérêt général.

(Voir notre article : "Un Plan de Gestion Sédimentaire pour le bassin de l’Eyrieux : Comprendre, agir et restaurer le bon fonctionnement de la rivière").

PROMOUVOIR une gestion durable et transparente de la ressource en eau à l’échelle du bassin versant de l’Eyrieux

En parallèle et parce que tout est lié, BEED participe activement à l'élaboration du Projet de Territoire pour la Gestion de l'Eau (PTGE) que le Syndicat Mixte Eyrieux Crussol (SMEC) doit boucler pour les 5 ans à venir.

Nous y défendons la nécessité de se doter de stations de mesures précises sur les débits d'étiage, sur les niveaux de pluviométrie et de l'évapotranspiration à l'échelle des micro bassins. En effet, il n’est pas possible de décider de plan d'action "à l’aveugle". Il s’agit aussi de mesurer à terme l'effet des actions menées sur un bassin de près de 1000 km² ! A ce jour deux stations de mesure d'étiage seulement.

Dans le cadre du PTGE, les questions de qualité des milieux et de l'état de la rivière sont pour l'instant très peu abordées, mais nous pousserons des actions dans ce sens. Sur ce point, nos échanges avec la Chambre d'agriculture de l'Ardèche nous semblent prometteurs pour mieux cerner la réalité des prélèvements agricoles et des besoins de demain.

RENDRE à l’Eyrieux son équilibre et sa biodiversité : Ralentir l’eau

Enfin, BEED souhaite porter des expérimentations pour "ralentir" l'eau, préserver les ressources locales, le stockage naturel dans les zones humides. Même si la tendance est aux gros investissements pour des infrastructures qui pompent et font remonter l'eau de la nappe du Rhône, nous plaidons pour la préservation des sources locales, qui apportent des approvisionnements de qualité et nécessitent moins d’investissements et d'énergie. Enfin, nous alertons sur la solution des nappes du Rhône qui est un fleuve mis à rude contribution et dont le débit a déjà beaucoup baissé, sans mentionner la question de la qualité des nappes (polluants éternels).

Par ailleurs, le partage d’information et l’éducation à la Rivière nous paraissent absolument essentiels et BEED a mis en place des contacts et échanges avec les élus locaux pour une meilleure appropriation des enjeux de la rivière. Celle-ci continue de souffrir, et l’abondance des algues l’été dernier le confirme. Aussi BEED souhaite comme l’an passé lors de son Assemblée Générale du 5 juillet 2025 continuer le plaidoyer de la rivière aux élus, aux habitants, aux usagers et aux jeunes afin que chacun comprenne les enjeux complexes du partage de l’eau.

Depuis un an, études des milieux, encadrement d'un stagiaire, partenariats renforcés avec la Fédération de Pêche, les organisations de préservation de l’environnement, dialogue avec la Préfecture, la Chambre d'Agriculture, les élus, le SMEC... Les bénévoles n'ont pas chômé. Un travail de longue haleine reste encore devant nous.

La crise d'octobre 2024 a eu un mérite : créer une mobilisation incroyable des bénévoles, des habitants, et une sensibilisation des différents partenaires. BEED a toujours besoin de vos contributions pour maintenir un engagement fort.

Nos actions continueront d’être déployées sur le territoire sous différentes formes :

  • Animations pédagogiques, sensibilisation sur l’eau, la rivière, le vivant,

  • Plaidoyer politique et dialogue parties-prenantes avec les institutionnels,

  • Observatoire du vivant : diagnostic et études scientifiques, collecte des données,

  • Vigie Environnement: veille pollution, chantiers de nettoyage ,

  • Et des festivités, journées de mobilisation, balades "découverte", théâtre et cinéma autour du vivant parce que la vie de notre rivière reste une fête.

On a besoin de vous, car on ne lâche rien !



*FRAPNA : La FédéRation des Associations de Protection de la Nature de l’Ardèche (FRAPNA 07)

**FNE-Aura : France Nature Environnement - Auvergne Rhône-Alpes