Étude 2025 sur les odonates de l’Eyrieux : Bilan écologique après la vidange du barrage des Collanges
En 2025, BEED a conduit une nouvelle étude sur les odonates, ces libellules qui témoignent de la bonne santé des rivières. Les résultats sont sans appel : les populations de plusieurs espèces protégées se sont effondrées sur le bassin de l’Eyrieux, avec une baisse de plus de 50 % des effectifs. Les analyses de terrain établissent un lien direct entre cette régression et la vidange du barrage des Collanges, réalisée en octobre 2024.
OBSERVATOIRE DE LA BIODIVERSITÉ
Le gomphe à pattes jaunes (Stylurus flavipes)
Plus rare et plus fragile encore, cette espèce n’a pas été observée en 2025.
Sa disparition totale du bassin contraste avec la bonne santé des populations du Rhône voisin : un signe évident d’un impact localisé et sévère.
Carte de tendance 2025 par rapport à 2019 - Autochtonie Stylurus flavipes
2024 : une vidange et une crue aux impacts différents
L’automne 2024 aura profondément marqué la vallée. D’abord, la vidange du barrage des Collanges, le 4 octobre, a relâché dans la rivière des boues toxiques et anoxiques (déficitaires en oxygène). Puis, le 17 octobre, une crue exceptionnelle a frappé l’ensemble du bassin.
L’étude 2025 menée par BEED avec le soutien du GRPLS (Groupe de Recherche et de Protection des Libellules Sympetrum ) visait à distinguer les effets de ces deux phénomènes.
Des populations décimées
La cordulie splendide (Macromia splendens)
Cette espèce, découverte sur l’Eyrieux en 2013, marquait la limite nord-est de sa répartition mondiale. Entre 2019 et 2025, elle a perdu près de 18 km de territoire. Les populations en aval du barrage ont chuté de 40 à 100 %, tandis que celles de l’amont restent stables.
Carte de tendance 2025 par rapport à 2019 - Autochtonie Macromia splendens


La cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii)
Espèce emblématique de l’Eyrieux, elle a subi un effondrement généralisé : disparition complète dans la basse vallée, chute de 60 % autour de Saint-Sauveur et Les Ollières. Les populations de l’amont, épargnées par la vidange, confirment la responsabilité du relargage de sédiments pollués.
Carte de tendance 2025 par rapport à 2019 - Autochtonie Oxygastra curtisii


Une corrélation évidente
La coïncidence spatiale et temporelle entre la zone vidangée et les sites où les odonates ont disparu ne laisse guère de doute. Les analyses de terrain convergent toutes vers un même constat : les pertes observées sont liées à la vidange, et non à la crue. En effet, les stations témoins non concernées par le barrage n’ont enregistré qu’une faible variation naturelle des effectifs.
Et maintenant ?
BEED prévoit de poursuivre les suivis dans les prochaines années, afin d’évaluer la capacité de résilience des populations et d’en tirer tous les enseignements.
L’étude complète, en cours de finalisation, présentera la méthodologie détaillée, les résultats station par station et les pistes envisagées pour éviter qu’un tel désastre écologique ne se reproduise.
La presse locale en parle…
Article de l’hebdo de l’Ardèche du 25/08/25 : « Ardèche – Alerte sur la diminution du nombre de libellules sur l’Eyrieux »


Les libellules, sentinelles des rivières
Depuis plus de dix ans, les naturalistes Éric Gaillard et Sébastien Darnaud, membres de BEED, suivent avec rigueur les populations d’odonates du bassin de l’Eyrieux. Parmi les plus remarquables figurent trois espèces protégées :
la cordulie splendide (Macromia splendens),
la cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii),
et le gomphe à pattes jaunes (Stylurus flavipes).
Occupant une place élevée dans la chaîne alimentaire, ces libellules sont de véritables indicateurs biologiques de la qualité des milieux aquatiques. Leur présence, leur abondance ou leur disparition révèlent rapidement les déséquilibres écologiques qui affectent les cours d’eau.
Pour évaluer l’évolution de leurs populations, la BEED s’appuie sur une méthode de suivi standardisée : la collecte d’exuvies, ces enveloppes laissées par les larves au moment de leur mue. Cette approche, non intrusive, permet d’estimer avec précision la densité et la répartition des espèces tout en respectant leur cycle naturel.